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Mardi 18 Février 2020

 

J’avais déjà travaillé sur ce moment à plusieurs reprises mais je n’étais jamais remonté à maman et à ses émotions. Ce matin, tout est clair !

 

Je voyais maman, à ma naissance. Elle était angoissée et en colère contre mon père.

Une image qu’elle a sans doute enfouie au plus profond d’elle-même car des années plus tard, elle niait encore avoir été stressée par ce moment.


La veille de ma naissance, à la plage, la voiture était plantée dans le sable. Maman avait voulu en sortir le temps de la manœuvre mais mon père lui avait dit de rester « pour ne pas se fatiguer » et elle s’était exécutée. Je devais naître 15 jours plus tard. Pour donner de l’élan à la voiture et sortir des ornières dans lesquelles la voiture se trouvait, mon père accélérât d’avant en arrière et « secouât » maman pendant une bonne demi-heure… Le lendemain, dimanche 2 janvier 1977, vers 17h, à San Pedro, Côte d’Ivoire, je naissais. Maman n’avait pas de lait pour m’allaiter et la pharmacie était fermée.

 

Elle s’est inquiétée toute la nuit et n’a pu me nourrir que le lendemain matin. Je n’ai pas connecté à mes propres ressentis, mais je vois que maman est très inquiète. J’ai faim et elle ne peut pas me s’occuper correctement de moi.
Je sens qu’elle en veut beaucoup à mon père pour son côté désorganisé, bordélique et nonchalant.
Déjà, quelques mois plus tôt, il avait perdu son emploi et maman avait dû prendre la décision de ne pas me mettre au monde. Elle avait avalé des médicaments ayant des effets abortifs mais je m’étais accrochée et quelques temps après mon père avait retrouvé du travail.

Maman a toujours dû faire face à des décisions difficiles. Des décisions prises pour compenser l’ignorance et l’inconscience des hommes qui partageaient sa vie. Cela avait causé beaucoup de culpabilité et de colère chez elle.

 

Je comprends mieux pourquoi il est tout à fait impossible pour moi de me sentir en sécurité avec une personne qui se laisse porter au gré du vent, qui n’est pas absolument attentive et consciente du monde dans lequel elle vit.

Cela a failli me coûter la vie à plusieurs reprises, sans que j’en sois vraiment consciente !

 

Ce matin, nous avons beaucoup travaillé à accueillir toute cette colère et toute la détresse de maman. C’est une terrible blessure que de priver une mère de la capacité d’élever le plus dignement possible ses enfants.
Nous avons entouré maman d’Amour et de compréhension, de soutien et de douceur, jusqu’à ce qu’elle laisse aller toute cette douleur en elle, cette douleur de dépendre de cet homme qui était à des années-lumière de savoir quoi faire, cette douleur d’avoir failli à son devoir de mère, cette douleur de me voir souffrir et payer pour leurs erreurs.

 

Bien sûr, en vérité tout est juste, et il n’y a ni victime ni bourreau, mais quand on patauge dans la confusion et la douleur, il est difficile de prendre du recul sur une situation.

 

Maman était chargée de cette colère non-exprimée contre mon père. Colère qu’elle a portée toute sa vie et qui l’a empêchée de vivre le meilleur, ne serait-ce que la douceur et la sérénité.

Ce matin, le danger était bien présent autour de moi bébé, à ma naissance.

 

Étrange car ce danger était bien présent autour de ma fille également, à sa naissance. L’histoire s’est répétée sous une autre forme. Car au contraire de ma mère qui avait accouchée précipitamment de moi, de mon côté, je n’arrivais pas à mettre au monde ma fille. Et je me suis trouvée aussi très en colère contre son papa, dont je ne comprenais pas les priorités et qui n’était pas présent pour nous à la maternité où j’étais restée une semaine suite à la césarienne.

 

Sans le savoir, j’avais répété l’histoire de ma propre naissance.
Comme pour moi, je voulais mettre mon enfant au monde à la maison. Mais heureusement, nous avions pris le chemin de l’hôpital. Cela nous avait sauvé la vie à toute les deux.

 

Ce matin, je connectais à maman, au plus profond de ses sentiments, de ses peurs et de sa rage.
Que de souffrance, que d’angoisse, pour elle et pour moi par conséquent.
Je l’ai entouré d’Amour jusqu’à ce qu’elle s’apaise, qu’elle retrouve sa dignité de mère et sa sérénité. J’ai entouré d’Amour aussi le petit bébé que j’étais. Je les ai placé tous les deux dans l’Amour et la douceur, en toute sécurité. Enfin le cauchemar s’arrête, pour elles, et pour nous, ma fille et moi, ici et maintenant.

Nous n’aurons plus besoin de nous mettre en danger, en mémoire de ce moment et de ces souffrances non-résolues.
Nous n’aurons plus besoin d’accepter l’inacceptable, une situation, une personne qui n’est pas bonne pour nous.

Cette mémoire contribuait certainement à accepter des personnes et des situations blessantes dans nos vies. Combien de fois, avant de commencer à me libérer de mes mémoires, n’acceptais-je pas de fréquenter quelqu’un qui était nocif pour moi ?!

Comme maman, je ne voulais pas juger, ni rejeter, ni critiquer l’autre.

Je n’ai jamais aimé diaboliser les autres, ni les rendre responsable de mes problèmes, même à certains moments, je n’avais plus les rênes de ma vie et je ne pouvais pas m’empêcher de le faire !

 

Petit à petit, je m’autorise à ne pas être d’accord avec tout le monde et surtout à ne pas tout accepter, sous prétexte d’être une bonne personne. Le monde autour de nous influence le monde en nous. C’est l’épigénétique. Il y a des milliards d’individus sur cette planète, pourquoi devrais-je me forcer à vivre ce qui ne me fait pas envie ? En quoi cela peut être positif pour qui que ce soit ?

Je me suis rendue compte que je faisais des choses merveilleuses quand l’amour et la joie faisait partie de ma vie. J’étais plus sûre, plus imaginative, plus courageuse, plus capable, plus forte, plus concentrée, tout simplement plus efficiente ! Alors, pourquoi devrais-je me priver de cet espace bénéfique ? Nous n’abandonnons personne quand nous nous occupons de nous ! Nous donnons même l’opportunité à l’autre d’en faire autant ! Soit par mimétisme, soit par obligation !

 

Mais l’important n’est-il pas justement d’apprendre à s’aimer, à prendre soin de soi, à se positionner et à se remplir progressivement d’amour, de joie et de paix ?

Voilà ce qui nous rend meilleur, pour nous-même et pour les autres. Et c’est tout ce que je vous souhaite ! J

Mise à jour le 20/02/2020
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